MN 82
Raṭṭhapāla Sutta
— L'histoire de Ratthapala —

Ratthapala était désigné par le Bouddha comme son meilleur disciple en ce qui concerne le Départ de la vie de foyer pour la vie d'errance des mendiants. On trouve ici une narration de ce qui se produisit, suivie d'un exposé au roi du pays de Kourou où Ratthapala explique les quatre affirmations faites par le Bouddha qui le décidèrent à faire ce choix.



Evaṃ me sutaṃ:

Un jour, alors que le Fortuné parcourait le pays des Kurus accompagné d'une grande Communauté de mendiants, il arriva à Thoullakotthika, une ville des Kurus. Les brahmanes et les gens de foyer de Thoullakotthika entendirent dire: 'Le le renonçant Gotama, le fils des Sakyas, qui a quitté le clan des Sakyas, parcourt le pays Kuru, accompagné d'une grande Communauté de mendiants, et il est arrivé à Thoullakotthika. Et la bonne réputation de maître Gotama s'est répandue: "Il est un Fortuné, un arahant véritablement éveillé, accompli en théorie et en pratique, sublime connaisseur des mondes, l'entraîneur inégalé de ceux qui sont prêt à être dressés, instructeur des dévas et des humains, un Bouddha, un Fortuné. Il a fait connaître, l'ayant réalisé pour lui-même par connaissance directe, ce monde avec ses dévas, ses Maras, ses Brahmas, cette génération avec ses renonçants & brahmanes, ses rois et ses peuples. Il enseigne le Dhamma qui est bénéfique au début, bénéfique au milieu, bénéfique à la fin, avec la signification et l'expression justes, et il a enseigné la vie brahmique qui est complètement parfaite et pure." Il est bon de rencontrer un tel arahant.'

Alors les brahmanes et les gens de foyer de Thoullakotthika allèrent voir le Fortuné. A leur arrivée, certains s'inclinèrent devant le Fortuné et s'assirent d'un côté. Certains échangèrent des salutations avec lui, et après cet échange de salutations amicales et courtoises, s'assirent d'un côté. Certains le saluèrent avec leurs mains jointes devant leur poitrine, et s'assirent d'un côté. Certains annoncèrent leur nom et leur clan, pui s'assirent d'un côté. Certains s'assirent d'un côté en silence. Lorsqu'ils furent assis là, le Fortuné les instruisit, les exhorta, les aviva et les encouragea avec un discours sur le Dhamma.

Ce jour-là, l'homme de clan nommé Ratthapala, le fils du clan meneur de cette même ville de Thoullakotthika, siégeait dans cette assemblée. La pensée suivante lui vint à l'esprit: 'Tel que je discerne le Dhamma enseigné par le Fortuné, il n'est pas facile, en vivant au foyer, de pratiquer la vie brahmique qui est complètement parfaite, complètement pure, une coque polie. Et si, me rasant les cheveux et la barbe, et mettant une robe ocre, je quittais la vie de foyer pour le sans-foyer?'

Puis les brahmanes et les gens de foyer de Thoullakotthika, ayant été instruits, exhortés, avivés et encouragés par le discours du Fortuné sur le Dhamma, furent enchantés par ses paroles et s'en réjouirent. Se levant de leurs sièges, s'inclinant vers lui, ils partirent, en le gardant à leur droite.

Alors Ratthapala, peu après que les brahmanes et les gens de foyer de Thoullakotthika soient partis, s'approcha du Fortuné et, à son arrivée, il lui dit:

— Tel que je discerne le Dhamma enseigné par la Fortuné, il n'est pas facile, en vivant au foyer, de pratiquer la vie brahmique qui est complètement parfaite, complètement pure, une coque polie. Bhanté, me rasant les cheveux et la barbe, et mettant une robe ocre, je veux quitter la vie de foyer pour le sans-foyer. Puis-je recevoir le Départ en la présence du Fortuné? Puis-je recevoir l'admission?

— As-tu la permission de tes parents, Ratthapala, pour quitter la vie de foyer afin de vivre la vie sans foyer?

— Non, Bhanté, je ne l'ai pas.

— Ratthapala, les Tathāgatas n'accordent pas le Départ à ceux qui n'ont pas la permission de leurs parents.

Bhanté, je vais faire ce qui doit être fait afin que mes parents me donnent la permission de quitter la vie de foyer pour le sans-foyer.

Alors Ratthapala, se levant de son siège, s'inclina devant le Fortuné, et le gardant sur sa droite, il partit. Il alla voir ses parents et leur dit:

— Mère, Père, tel que je discerne le Dhamma enseigné par le Fortuné, il n'est pas facile, en vivant au foyer, de pratiquer la vie brahmique qui est complètement parfaite, complètement pure, une coque polie. Me rasant les cheveux et la barbe, et mettant une robe ocre, je veux quitter la vie de foyer pour le sans-foyer. S'il vous plaît, accordez-moi votre permission de quitter la vie de foyer pour le sans-foyer.

Lorsqu'il eut dit cela, les parents de Ratthapala lui répondirent:

— Cher Ratthapala, tu es notre seul fils, chéri et bien-aimé, tu as été élevé dans le confort. Tu ne connais rien du mal-être. Même si tu mourrais, nous ne voudrions pas être séparés de toi. Comment donc pourrions nous, alors que tu es vivant, te donner notre permission de quitter la vie de foyer pour le sans-foyer?

Une seconde fois... Une troisième fois Ratthapala dit à ses parents:

— Mère, Père... accordez-moi votre permission de quitter la vie de foyer pour le sans-foyer.

Une troisième fois, ses parents lui répondirent:

— Cher Ratthapala... Comment donc pourrions nous, alors que tu es vivant, te donner notre permission de quitter la vie de foyer pour le sans-foyer?

Alors Ratthapala, puisqu'il n'obtenait pas de ses parents la permission de quitter la vie de foyer pour le sans-foyer, s'allongea là, à même le sol, et déclara:

— Ici, ou bien je mourrai, ou bien je recevrai le Départ.

Et il demeura sans manger pendant un jour... deux jours... trois... quatre... cinq... six jours. Il demeura sans manger pendant sept jours.1

Ses parents lui dirent:

— Cher Ratthapala, tu es notre seul fils, chéri et bien-aimé, élevé dans le confort. Tu ne connais rien du mal-être. Lève-toi, chéri. Mange, bois et amuse-toi. En mangeant, en buvant et en t'amusant, tu peux être heureux en jouissant des plaisirs sensuels et en faisant du mérite. Nous ne te donnons pas la permission de quitter la vie de foyer pour le sans-foyer. Même si tu mourrais, nous ne voudrions pas être séparés de toi, alors mange, bois et amuse-toi.

Lorsqu'ils dirent cela, Ratthapala demeura silencieux. Une seconde fois... Une troisième fois ses parents lui dirent:

— Cher Ratthapala... comment pourrions nous, alors que tu es vivant, te donner notre permission de quitter la vie de foyer pour le sans-foyer?

Une troisième fois, Ratthapala demeura silencieux. Alors ses parents allèrent voir ses amis et lui dirent:

— Mes chers, Ratthapala s'est allongé à même le sol en disant: 'Ici, ou bien je mourrai, ou bien je recevrai le Départ.' S'il vous plaît, mes chers, allez voir Ratthapala et dites-lui: 'Ami Ratthapala, tu es l'unique fils de tes parents... Lève-toi, ami Ratthapala. Mange, bois et amuse-toi... comment tes parents pourraient-ils, alors que tu es vivant, te donner leur permission de quitter la vie de foyer pour le sans-foyer?'

Alors les amis de Ratthapala allèrent voir Ratthapala et, à leur arrivée, il lui dirent:

— Ami Ratthapala, tu es l'unique fils de tes parents... Lève-toi, ami Ratthapala. Mange, bois et amuse-toi... comment tes parents pourraient-ils, alors que tu es vivant, te donner leur permission de quitter la vie de foyer pour le sans-foyer?

Lorsqu'ils dirent cela, Ratthapala demeura silencieux.

Une seconde fois... Une troisième fois ses amis lui dirent:

— Ami Ratthapala... comment tes parents pourraient-ils, alors que tu es vivant, te donner leur permission de quitter la vie de foyer pour le sans-foyer?

Une troisième fois, Ratthapala demeura silencieux.

Alors les amis de Ratthapala allèrent voir ses parents, et leur dirent:

— Mère, Père, Ratthapala est allongé là-bas à même le sol, en ayant déclaré: 'Ici, ou bien je mourrai, ou bien je recevrai le Départ.' Si vous ne lui donnez pas votre permission de quitter la vie de foyer pour le sans-foyer, il mourra là-bas. Mais si vous lui donnez votre permission, vous pourrez encore le voir une fois qu'il aura pris le Départ. Et si le Départ de la vie de foyer pour le sans-foyer ne lui plaît pas, que pourra-t-il faire d'autre que revenir ici? Donnez-lui donc, s'il vous plaît, la permission de quitter la vie de foyer pour le sans-foyer.

— Dans ce cas, mes chers, nous donnons la permission à Ratthapala de quitter la vie de foyer pour le sans-foyer. Mais lorsqu'il aura pris le Départ, il devra visiter ses parents.

Les amis de Ratthapala allèrent le voir et lui dirent:

— Lève-toi, Ratthapala. Tes parents t'ont accordé leur permission de quitter la vie de foyer pour le sans-foyer. Mais lorsque tu auras pris le Départ, tu devras visiter tes parents.

Alors Ratthapala se leva et, après avoir regagné sa vigueur, il alla voir le Fortuné. A son arrivée, s'étant incliné devant lui, il s'assit d'un côté. Lorsqu'il fut assis là, il dit au Fortuné:

Bhanté, j'ai reçu de mes parents la permission de quitter la vie de foyer pour le sans-foyer. Puisse le Fortuné m'accorder le Départ.

Ratthapala l'homme de clan obtint le Départ en la présence du Fortuné, et obtint l'admission. Et peu après son admission, un demi-mois après son admission, le Fortuné, étant resté à Thoullakotthika aussi longtemps qu'il le désirait, s'en alla en vaguant vers Sāvatthī. Avançant par étapes, il atteignit finalement Savatthi dans le bois de Jéta, le parc d'Anāthapiṇḍika.

Āyasmā Ratthapala, demeurant seul, reclus, dilligent, ardent et voué à l'effort, en peu de temps atteignit et demeura dans l'objectif suprême de la vie brahmique - pour lequel les hommes de clan quittent à juste titre la vie de foyer pour le sans-foyer - le réalisant pour lui même par connaissance directe dans l'ici et maintenant. Il comprit: 'C'en est fini de la naissance, la vie brahmique a été menée à son terme, la tâche a été remplie. Il n'y a rien de plus pour ce monde.' Et ainsi le vénérable Ratthapala devint un autre des arahants.

Puis il alla voir le Fortuné et, à son arrivée, s'étant incliné devant lui, il s'assit d'un côté. Lorsqu'il fut assis là, il dit au Fortuné:

Bhanté, je souhaite visiter mes parents, si vous en donnez la permission.

Le Fortuné, pénétrant l'esprit du vénérable Ratthapala avec son esprit, comprit: 'le vénérable Ratthapala est incapable d'abandonner l'entraînement et de retourner à la vie inférieure'. Alors il lui dit:

— Il est maintenant temps pour toi, Ratthapala, d'agir comme cela te convient.

Puis le vénérable Ratthapala, se levant de son siège, s'inclina vers le Fortuné et, en le gardant à sa droite, il partit. Rangeant son habitation et emportant son bol et ses robes, il s'en alla vers Thoullakotthika. Avançant par étapes, il arriva finalement à Thoullakotthika. Là, il séjourna dans le jardin Migacīra du roi Korabya. Le matin, mettant ses robes et emportant son bol, il alla à Thoullakotthika pour y mendier. Alors qu'il mendiait de maison en maison dans Thoullakotthika, il arriva à la maison de son propre père.

À ce moment-là, le père du vénérable Ratthapala était assis dans le hall de l'entrée principale, se faisant coiffer. Il vit le vénérable Ratthapala arriver de loin et, en le voyant, il dit:

— C'est par ces renonçants au crâne rasé que notre seul fils, chéri et bien-aimé, a été incité à prendre le Départ!

Ainsi, le vénérable Ratthapala, au lieu de recevoir une offrande ou un refus poli dans la maison de son père, ne reçut rien d'autre que des insultes. À ce moment, une serf appartenant à une de ses proches était sur le point de jeter un vieux porridge. Le vénérable Ratthapala lui dit:

— Sœur, si cela doit être jeté, verse-le dans mon bol.

Pendant qu'elle versait le vieux porridge dans son bol, elle reconnut les traits caractéristiques de ses mains et de ses pieds, et sa voix.2 Alors elle alla voir la mère du vénérable Ratthapala et dit:

— Veuillez savoir, Madame, que le fils de mon maître est arrivé.

— Hé, si ce que tu dis est vrai, je te donne la liberté!

Alors la mère du vénérable Ratthapala alla voir son père et dit:

— Veuillez savoir, homme de foyer, qu'on dit que l'homme de clan Ratthapala est arrivé.

À ce moment-là, le vénérable Ratthapala se tenait contre le mur d'un certain abri, mangeant le vieux porridge. Son père alla le voir et dit:

— Cher Ratthapala, il y a sûrement... Quoi? tu manges un vieux porridge? N'as-tu pas ton propre foyer où aller?

— Comment pourrions nous avoir un foyer? Nous avons abandonné la vie de foyer pour le sans-foyer. Nous sommes sans foyer, homme de foyer. Nous sommes allés à votre maison, mais au lieu de recevoir une offrande ou un refus poli, nous n'avons reçu rien d'autre que des insultes.

— Viens, Ratthapala. Allons à la maison.

— Cela suffit, homme de foyer. Mon repas de la journée est terminé.

— Dans ce cas, Ratthapala, accepte pour le repas de demain.

Āyasmā Ratthapala acquiesça en silence. Comprenant l'acquiescement de Ratthapala, son père retourna à sa maison et fit faire un grand tas de pièces d'or et de lingots qu'il fit couvrir de nattes. Puis il dit aux ex-femmes du vénérable Ratthapala:

— Venez, belles-filles, revêtez les parures dans lesquelles Ratthapala vous trouvait les plus attirantes et charmantes.

Lorsque la nuit toucha à sa fin, le père du vénérable Ratthapala fit préparer dans sa propre maison différentes sortes de succulentes nourritures, et fit annoncer l'heure au vénérable Ratthapala:

— Il est temps, cher Ratthapala. Le repas est prêt.

Dans la matinée, mettant ses robes et emportant son bol, le vénérable Ratthapala se rendit à la maison de son père et, à son arrivée, s'assit sur un siège préparé pour lui. Alors son père fit décourvrir le tas de pièces d'or et de lingots et lui dit:

— Voici, cher Ratthapala, l'héritage de ta mère. Ton héritage paternel en est un autre, et l'héritage de ton grand-père en est encore un autre. Cher Ratthapala, tu peux jouir de la richesse et faire du mérite. Viens, abandonne l'entraînement, et reviens à la vie inférieure, jouis de la richesse et fais du mérite.

— homme de foyer, si tu suivais mon conseil, tu ferais charger ce tas de pièces d'or et de lingots sur des charettes et remorquer jusqu'au Gange pour l'y décharger en plein milieu du fleuve. Pourquoi cela? Cette richesse sera la cause de ton chagrin, tes lamentations, douleurs, afflictions et désespoir.

Puis les ex-femmes du vénérable Ratthapala, enlaçant ses pied, lui dirent:

— A quoi ressemblent-elles, cher fils de notre maître, ces nymphes pour lesquelles tu vis la vie brahmique?

— Sœurs, nous ne vivons pas la vie brahmique pour les nymphes.

— Ils nous appelle 'Sœurs'! Et elles tombèrent en s'évanouissant. Alors le vénérable Ratthapala dit à son père:

— homme de foyer, s'il y a de la nourriture à partager, alors partage-la. Ne nous harcèle pas.
Mange donc, cher Ratthapala. Le repas est prêt.

Puis le père du vénérable Ratthapala le servit et le satisfit avec ses propres mains de diverses sortes de succulentes nourritures. Lorsqu'il eut terminé son repas et retiré ses mains du son bol, le vénérable Ratthapala se leva et prononça ces stances:


Voici une image embellie,
Un corps fait de blessures,
Malade, une source de tracas,
Où ne demeure aucune stabilité.

Voici une forme embellie
Avec des bijoux et des boucles d'oreilles:
Un squelette enveloppé de peau
Rendu attrayant par ses vêtements.

Les pieds décorés avec du henné,
Et le visage poudré:
Assez pour tromper un sot
Mais pas un chercheur du rivage éloigné.

Les cheveux coiffés en nattes à huit brins,
Les yeux enduits d'onguents:
Assez pour tromper un sot
Mais pas un chercheur du rivage éloigné.

Tel un pot d'onguent fraîchement peint,
Un corps putride décoré:
Assez pour tromper un sot
Mais pas un chercheur du rivage éloigné.

Le chasseur a sorti ses pièges,
Mais le daim ne s'en est pas approché.
Ayant mangé l'appât, nous partons,
Laissant les chasseurs se lamenter.


Après avoir prononcé ces stances en se tenant debout, le vénérable Ratthapala se rendit au jardin Migacīra du roi Korabya. A son arrivée, il s'assit à l'ombre d'un arbre pour y passer la journée. Alors le roi Korabya dit à son garde-chasse:

— Va nettoyer le jardin de plaisance Migacīra, afin que nous puissions aller y profiter d'un endroit agréable.

— Oui, votre majesté, répondit le garde-chasse au roi. Alors qu'il nettoyait le jardin Migacīra, il vit le vénérable Ratthapala assis à l'ombre d'un arbre pour y passer la journée. L'ayant vu, il alla voir le roi et dit:

— Le jardin Migacīra a été nettoyé pour vous, votr majesté. Et l'homme de clan Ratthapala, le fils du clan meneur de cette ville de Thoullakotthika, de qui vous avez souvent parlé hautement, s'y trouve, assis à l'ombre d'un arbre pour y passer la journée.

— Dans ce cas, garde-chasse, laisse tomber le jardin de plaisance pour aujourd'hui. Je vais maintenant présenter mes hommages au Sieur Ratthapala.

— Distribue toute la nourriture qui a été préparée là-bas.


Le roi Korabya fit harnacher des chars de bon augure. Montant sur un char de bon augure, il sortit de Thoullakotthika, accompagné par d'autres chars de bon augure, avec toute la pompe royale, pour aller voir le vénérable Ratthapala. Étant allé avec son char aussi loin que la route le permettait, il en descendit et continua à pied accompagné d'un cortège d'éminents membres de sa court. A son arrivée, il échangea des salutations courtoises avec le vénérable Ratthapala. Après cet échange de salutations et de courtoisies, il se tint debout sur un côté. Alors qu'il se tenait debout, il dit au vénérable Ratthapala:

— Voici un tapis d'éléphant. Que Sieur Ratthapala s'y asseye.

— Ce n'est pas la peine, grand roi. Assieds-toi. Je suis assis sur ma propre natte. Alors le roi Korabya s'assit sur un siège préparé. Lorsqu'il fut assis, il dit au vénérable Ratthapala:

— “cattārimāni, bho raṭṭhapāla, pārijuññāni yehi pārijuññehi samannāgatā idhekacce kesamassuṃ ohāretvā kāsāyāni vatthāni acchādetvā agārasmā anagāriyaṃ pabbajanti. katamāni cattāri? jarāpārijuññaṃ, byādhipārijuññaṃ, bhogapārijuññaṃ, ñātipārijuññaṃ.

— Il y a, Sieur Ratthapala, ces quatre pertes frappés par lesquelles certains se rasent les cheveux et la barbe, revêtent des vêtements marron-jaunes et quittent la vie de foyer. Quelles sont ces quatre? La perte par le vieillissement, la perte par la maladie, la perte de richesses et la perte de proches.

katamañca, bho raṭṭhapāla, jarāpārijuññaṃ? idha, bho raṭṭhapāla, ekacco jiṇṇo hoti vuḍḍho mahallako addhagato vayoanuppatto. so iti paṭisañcikkhati: ‘ahaṃ khomhi etarahi jiṇṇo vuḍḍho mahallako addhagato vayoanuppatto. na kho pana mayā sukaraṃ anadhigataṃ vā bhogaṃ adhigantuṃ adhigataṃ vā bhogaṃ phātiṃ kātuṃ. yaṃnūnāhaṃ kesamassuṃ ohāretvā kāsāyāni vatthāni acchādetvā agārasmā anagāriyaṃ pabbajeyyan’ti. so tena jarāpārijuññena samannāgato kesamassuṃ ohāretvā kāsāyāni vatthāni acchādetvā agārasmā anagāriyaṃ pabbajati. idaṃ vuccati, bho raṭṭhapāla, jarāpārijuññaṃ. bhavaṃ kho pana raṭṭhapālo etarahi daharo yuvā susukāḷakeso bhadrena yobbanena samannāgato paṭhamena vayasā. taṃ bhoto raṭṭhapālassa jarāpārijuññaṃ natthi.

Et qu'est-ce, Sieur Ratthapala, que la perte par le vieillissement? À cet égard, un certain individu est âgé, vieux, sénile, avancé en âge, décrépit. Il considère ceci: 'Je suis à présent âgé, vieux, sénile, avancé en âge, décrépit. Il n'est pas facile pour moi d'acquérir de nouvelles richesses ou d'accroître les richesses que j'ai déjà acquises. Pourquoi ne pas me raser les cheveux et la barbe, revêtir des vêtements marron-jaunes et quitter le vie de foyer?' Ainsi frappé de la perte par le vieillissement, il se rase les cheveux et la barbe, revêt des vêtements marron-jaunes et quitte la vie de foyer. Voici ce qu'on appelle la perte par la vieillesse. Mais à présent, le Sieur Ratthapala est jeune, peu avancé en âge, un jeune homme aux cheveux noirs, pourvu des bienfaits de la jeunesse, dans le premier stade de la vie, et il n'est pas frappé de la perte par le vieillissement.{n}

“katamañca, bho raṭṭhapāla, byādhipārijuññaṃ? idha, bho raṭṭhapāla, ekacco ābādhiko hoti dukkhito bāḷhagilāno. so iti paṭisañcikkhati: ‘ahaṃ khomhi etarahi ābādhiko dukkhito bāḷhagilāno. na kho pana mayā sukaraṃ anadhigataṃ vā bhogaṃ adhigantuṃ adhigataṃ vā bhogaṃ phātiṃ kātuṃ. yaṃnūnāhaṃ kesamassuṃ ohāretvā kāsāyāni vatthāni acchādetvā agārasmā anagāriyaṃ pabbajeyyan’ti. so tena byādhipārijuññena samannāgato kesamassuṃ ohāretvā kāsāyāni vatthāni acchādetvā agārasmā anagāriyaṃ pabbajati. idaṃ vuccati, bho raṭṭhapāla, byādhipārijuññaṃ. bhavaṃ kho pana raṭṭhapālo etarahi appābādho appātaṅko samavepākiniyā gahaṇiyā samannāgato nātisītāya nāccuṇhāya. taṃ bhoto raṭṭhapālassa byādhipārijuññaṃ natthi.

Et qu'est-ce, Sieur Ratthapala, que la perte par la maladie? À cet égard, un certain individu est en proie à la maladie, souffrant, gravement malade. Il considère ceci: 'Je suis à présent en proie à la maladie, souffrant, gravement malade. Il n'est pas facile pour moi d'acquérir de nouvelles richesses ou d'accroître les richesses que j'ai déjà acquises. Pourquoi ne pas me raser les cheveux et la barbe, revêtir des vêtements marron-jaunes et quitter le vie de foyer?' Ainsi frappé de la perte par la maladie, il se rase les cheveux et la barbe, revêt des vêtements marron-jaunes et quitte la vie de foyer. Voici ce qu'on appelle la perte par la maladie. Mais à présent, le Sieur Ratthapala est en bonne santé, il a peu de maladies, il est pourvu d'une bonne digestion, ni trop faible, ni trop forte, équilibrée, adaptée à l'effort, et il n'est pas frappé de la perte par la maladie.

“katamañca, bho raṭṭhapāla, bhogapārijuññaṃ? idha, bho raṭṭhapāla, ekacco aḍḍho hoti mahaddhano mahābhogo, tassa te bhogā anupubbena parikkhayaṃ gacchanti. so iti paṭisañcikkhati: ‘ahaṃ kho pubbe aḍḍho ahosiṃ mahaddhano mahābhogo. tassa me te bhogā anupubbena parikkhayaṃ gatā. na kho pana mayā sukaraṃ anadhigataṃ vā bhogaṃ adhigantuṃ adhigataṃ vā bhogaṃ phātiṃ kātuṃ. yaṃnūnāhaṃ kesamassuṃ ohāretvā kāsāyāni vatthāni acchādetvā agārasmā anagāriyaṃ pabbajeyyan’ti. so tena bhogapārijuññena samannāgato kesamassuṃ ohāretvā kāsāyāni vatthāni acchādetvā agārasmā anagāriyaṃ pabbajati. idaṃ vuccati, bho raṭṭhapāla, bhogapārijuññaṃ. bhavaṃ kho pana raṭṭhapālo imasmiṃyeva thullakoṭṭhike aggakulassa putto. taṃ bhoto raṭṭhapālassa bhogapārijuññaṃ natthi.

Et qu'est-ce, Sieur Ratthapala, que la perte de richesses? À cet égard, un certain individu est riche, avec de grandes richesses et une grande fortune, mais progressivement, ses richesses s'épuisent complètement. Il considère ceci: 'Auparavant, j'étais riche, avec de grandes richesses et une grande fortune, mais progressivement, mes richesses se sont complètement épuisées. Il n'est pas facile pour moi d'acquérir de nouvelles richesses ou d'accroître les richesses que j'ai déjà acquises. Pourquoi ne pas me raser les cheveux et la barbe, revêtir des vêtements marron-jaunes et quitter le vie de foyer?' Ainsi frappé par la perte de richesses, il se rase les cheveux et la barbe, revêt des vêtements marron-jaunes et quitte la vie de foyer. Voici ce qu'on appelle la perte de richesses. Mais le Sieur Ratthapala est un fils de la famille la plus influente dans cette [ville de] Thoullakotthika, et il n'est pas frappé par la perte de richesses.

“katamañca, bho raṭṭhapāla, ñātipārijuññaṃ? idha, bho raṭṭhapāla, ekaccassa bahū honti mittāmaccā ñātisālohitā. tassa te ñātakā anupubbena parikkhayaṃ gacchanti. so iti paṭisañcikkhati: ‘mamaṃ kho pubbe bahū ahesuṃ mittāmaccā ñātisālohitā. tassa me te anupubbena parikkhayaṃ gatā. na kho pana mayā sukaraṃ anadhigataṃ vā bhogaṃ adhigantuṃ adhigataṃ vā bhogaṃ phātiṃ kātuṃ. yaṃnūnāhaṃ kesamassuṃ ohāretvā kāsāyāni vatthāni acchādetvā agārasmā anagāriyaṃ pabbajeyyan’ti. so tena ñātipārijuññena samannāgato kesamassuṃ ohāretvā kāsāyāni vatthāni acchādetvā agārasmā anagāriyaṃ pabbajati. idaṃ vuccati, bho raṭṭhapāla, ñātipārijuññaṃ. bhoto kho pana raṭṭhapālassa imasmiṃyeva thullakoṭṭhike bahū mittāmaccā ñātisālohitā. taṃ bhoto raṭṭhapālassa ñātipārijuññaṃ natthi.

Et qu'est-ce, Sieur Ratthapala, que la perte de proches? À cet égard, un certain individu a beaucoup d'amis & compagnons, de proches et de membres dans sa famille, mais progressivement, toutes ses proches relations disparaissent. Il considère ceci: 'Auparavant, j'avais beaucoup d'amis & compagnons, de proches et de membres dans sa famille, mais progressivement, toutes mes proches relations ont disparu. Il n'est pas facile pour moi d'acquérir de nouvelles richesses ou d'accroître les richesses que j'ai déjà acquises. Pourquoi ne pas me raser les cheveux et la barbe, revêtir des vêtements marron-jaunes et quitter le vie de foyer?' Ainsi frappé par la perte de proches, il se rase les cheveux et la barbe, revêt des vêtements marron-jaunes et quitte la vie de foyer. Voici ce qu'on appelle la perte de proches. Mais dans cette [ville de] Thoullakotthika, le Sieur Ratthapala a beaucoup d'amis & compagnons, de proches et de membres de sa famille, et il n'est pas frappé par la perte de proches.

“imāni kho, bho raṭṭhapāla, cattāri pārijuññāni, yehi pārijuññehi samannāgatā idhekacce kesamassuṃ ohāretvā kāsāyāni vatthāni acchādetvā agārasmā anagāriyaṃ pabbajanti. tāni bhoto raṭṭhapālassa natthi. kiṃ bhavaṃ raṭṭhapālo ñatvā vā disvā vā sutvā vā agārasmā anagāriyaṃ pabbajito”ti?

Voici, Sieur Ratthapala, quelles sont ces quatre pertes frappés par lesquelles certains se rasent les cheveux et la barbe, revêtent des vêtements marron-jaunes et quittent la vie de foyer. Mais le Sieur Ratthapala n'est pas frappé par elles. Qu'est-ce donc que le Sieur Ratthapala a connu, a vu ou a entendu et à cause de quoi il a abandonné la vie de foyer pour le sans-foyer?

— “atthi kho, mahārāja, tena bhagavatā jānatā passatā arahatā sammāsambuddhena cattāro dhammuddesā uddiṭṭhā, ye ahaṃ ñatvā ca disvā ca sutvā ca agārasmā anagāriyaṃ pabbajito. katame cattāro? ‘upanīyati loko addhuvo’ti kho, mahārāja, tena bhagavatā jānatā passatā arahatā sammāsambuddhena paṭhamo dhammuddeso uddiṭṭho, yamahaṃ ñatvā ca disvā sutvā ca agārasmā anagāriyaṃ pabbajito.

— Il y a, Maharaja, quatre exposés du Dhamma exposés par le Fortuné, celui qui connaît et qui voit, l'arahant véritablement éveillé, que j'ai connus, que j'ai vus, que j'ai entendus et à cause desquels j'ai abandonné la vie de foyer pour le sans-foyer.{3} Quels sont ces quatre? '[La vie dans] le monde est éphémère et précaire' est le premier exposé du Dhamma exposé par le Fortuné, celui qui connaît et qui voit, l'arahant véritablement éveillé, que j'ai connu, que j'ai vu, que j'ai entendu et à cause duquel j'ai abandonné la vie de foyer pour le sans-foyer.

‘atāṇo loko anabhissaro’ti kho, mahārāja, tena bhagavatā jānatā passatā arahatā sammāsambuddhena dutiyo dhammuddeso uddiṭṭho, yamahaṃ ñatvā ca disvā sutvā ca agārasmā anagāriyaṃ pabbajito.

'[La vie dans] le monde est sans protection ni protecteur' est le deuxième exposé du Dhamma exposé par le Fortuné, celui qui connaît et qui voit, l'arahant véritablement éveillé, que j'ai connu, que j'ai vu, que j'ai entendu et à cause duquel j'ai abandonné la vie de foyer pour le sans-foyer.

‘assako loko, sabbaṃ pahāya gamanīyan’ti kho, mahārāja, tena bhagavatā jānatā passatā arahatā sammāsambuddhena tatiyo dhammuddeso uddiṭṭho, yamahaṃ ñatvā ca disvā sutvā ca agārasmā anagāriyaṃ pabbajito.

'Il n'y a rien qui soit nôtre dans le monde, on doit s'en aller en abandonnant tout' est le troisième exposé du Dhamma exposé par le Fortuné, celui qui connaît et qui voit, l'arahant véritablement éveillé, que j'ai connu, que j'ai vu, que j'ai entendu et à cause duquel j'ai abandonné la vie de foyer pour le sans-foyer.

‘ūno loko atitto taṇhādāso’ti kho, mahārāja, tena bhagavatā jānatā passatā arahatā sammāsambuddhena catuttho dhammuddeso uddiṭṭho, yamahaṃ ñatvā ca disvā sutvā ca agārasmā anagāriyaṃ pabbajito.

'Le monde est insuffisant, insatisfaisant, on y est l'esclave du désir' est le quatrième exposé du Dhamma exposé par le Fortuné, celui qui connaît et qui voit, l'arahant véritablement éveillé, que j'ai connu, que j'ai vu, que j'ai entendu et à cause duquel j'ai abandonné la vie de foyer pour le sans-foyer.

ime kho, mahārāja, tena bhagavatā jānatā passatā arahatā sammāsambuddhena cattāro dhammuddesā uddiṭṭhā, ye ahaṃ ñatvā ca disvā sutvā ca agārasmā anagāriyaṃ pabbajito”ti.

Voici, Maharaja, quels sont les quatre exposés du Dhamma exposés par le Fortuné, celui qui connaît et qui voit, l'arahant véritablement éveillé, que j'ai connus, que j'ai vus, que j'ai entendus et à cause desquels j'ai abandonné la vie de foyer pour le sans-foyer.

— “‘upanīyati loko addhuvo’ti, bhavaṃ raṭṭhapālo āha. imassa, bho raṭṭhapāla, bhāsitassa kathaṃ attho daṭṭhabbo”ti?

— Le Sieur Ratthapala a dit: '[La vie dans] le monde est éphémère et précaire'. Comment devrait-on voir le sens de cette déclaration?

— “taṃ kiṃ maññasi, mahārāja, tvaṃ vīsativassuddesikopi paṇṇavīsativassuddesikopi hatthismimpi katāvī assasmimpi katāvī rathasmimpi katāvī dhanusmimpi katāvī tharusmimpi katāvī ūrubalī bāhubalī alamatto saṅgāmāvacaro”ti?

— Qu'en pensez-vous, Maharaja: lorsque vous aviez vingt ou vingt-cinq ans, est-ce que vous étiez à l'aise avec les éléphants, les chevaux, les chars, les arcs, les épées, est-ce que vous aviez des jambes et des bras musclés, est-ce que les champs de bataille vous étaient familiers?

— “ahosiṃ ahaṃ, bho raṭṭhapāla, vīsativassuddesikopi paṇṇavīsativassuddesikopi hatthismimpi katāvī assasmimpi katāvī rathasmimpi katāvī dhanusmimpi katāvī tharusmimpi katāvī ūrubalī bāhubalī alamatto saṅgāmāvacaro. appekadāhaṃ, bho raṭṭhapāla, iddhimāva maññe na attano balena samasamaṃ samanupassāmī”ti.

— En effet, Sieur Ratthapala, lorsque j'avais vingt ou vingt-cinq ans, j'étais à l'aise avec les éléphants, les chevaux, les chars, les arcs, les épées, j'avais les jambes et les bras musclés, et les champs de bataille m'étaient familiers. Parfois, il me semble que j'étais doué de pouvoirs spéciaux, car je ne vois personne qui puisse m'égaler en force.

— “taṃ kiṃ maññasi, mahārāja, evameva tvaṃ etarahi ūrubalī bāhubalī alamatto saṅgāmāvacaro”ti?

— Qu'en pensez-vous, Maharaja: est-ce qu'à présent vous avez toujours des jambes et des bras aussi musclés, est-ce que les champs de bataille vous sont toujours aussi familiers?

— “no hidaṃ, bho raṭṭhapāla. etarahi jiṇṇo vuḍḍho mahallako addhagato vayoanuppatto āsītiko me vayo vattati. appekadāhaṃ, bho raṭṭhapāla, ‘idha pādaṃ karissāmī’ti aññeneva pādaṃ karomī”ti.

— Non, Sieur Ratthapala. À présent, je suis âgé, vieux, sénile, avancé en âge, décrépit, j'en suis arrivé à mes quatre-vingt ans. Parfois, [je me dis:] 'Je vais mettre mon pied ici', et je mets mon pied ailleurs.

— “idaṃ kho taṃ, mahārāja, tena bhagavatā jānatā passatā arahatā sammāsambuddhena sandhāya bhāsitaṃ: ‘upanīyati loko addhuvo’ti, yamahaṃ ñatvā ca disvā sutvā ca agārasmā anagāriyaṃ pabbajito”ti.

— C'était par rapport à cela, Maharaja, que le Fortuné, celui qui connaît et qui voit, l'arahant véritablement éveillé a déclaré: '[La vie dans] le monde est éphémère et précaire', et c'est en ayant connu, vu et entendu cela que j'ai abandonné la vie de foyer pour le sans-foyer.

— “acchariyaṃ, bho raṭṭhapāla, abbhutaṃ, bho raṭṭhapāla! yāva subhāsitaṃ cidaṃ tena bhagavatā jānatā passatā arahatā sammāsambuddhena: ‘upanīyati loko addhuvo’ti. upanīyati hi, bho raṭṭhapāla, loko addhuvo.

— C'est extraordinaire, Sieur Ratthapala, inouï, la manière dont cela a été bien déclaré par le Fortuné, celui qui connaît et qui voit, l'arahant véritablement éveillé: '[La vie dans] le monde est éphémère et précaire'. En effet, [la vie dans] le monde est éphémère et précaire.

— “saṃvijjante kho, bho raṭṭhapāla, imasmiṃ rājakule hatthikāyāpi assakāyāpi rathakāyāpi pattikāyāpi, amhākaṃ āpadāsu pariyodhāya vattissanti. ‘atāṇo loko anabhissaro’ti: bhavaṃ raṭṭhapālo āha. imassa pana, bho raṭṭhapāla, bhāsitassa kathaṃ attho daṭṭhabbo”ti?

Sieur Ratthapala, cette famille royale est entourée de troupes d'éléphants, d'une cavalerie, de troupes montées sur des chars et d'une infanterie qui servent en défense contre toute menace à notre encontre. Le Sieur Ratthapala a dit: '[La vie dans] le monde est sans protection ni protecteur'. Comment devrait-on voir le sens de cette déclaration?

— “taṃ kiṃ maññasi, mahārāja, atthi te koci anusāyiko ābādho”ti?

— Qu'en pensez-vous, Maharaja: est-ce que vous avez une maladie chronique?

— “atthi me, bho raṭṭhapāla, anusāyiko ābādho. appekadā maṃ, bho raṭṭhapāla, mittāmaccā ñātisālohitā parivāretvā ṭhitā honti: ‘idāni rājā korabyo kālaṃ karissati, idāni rājā korabyo kālaṃ karissatī’”ti.

— En effet, Sieur Ratthapala, j'ai une maladie chronique. Parfois, mes amis & compagnons, mes proches et les membres de ma famille se rassemblent autour de moi, [en se disant:] 'Le roi des Kourous est sur le point de mourir, le roi des Kourous est sur le point de mourir!'

— “taṃ kiṃ maññasi, mahārāja, labhasi tvaṃ te mittāmacce ñātisālohite: ‘āyantu me bhonto mittāmaccā ñātisālohitā, sabbeva santā imaṃ vedanaṃ saṃvibhajatha, yathāhaṃ lahukatarikaṃ vedanaṃ vediyeyyan’ti, udāhu tvaṃyeva taṃ vedanaṃ vediyasī”ti?

— Qu'en pensez-vous, Maharaja: est-ce que vous pouvez dire à vos amis & compagnons, à vos proches et aux membres de votre famille: 'Approchez, chers amis & compagnons, chers proches et membres de ma famille, partageons ce ressenti tous ensemble, afin que je ressente un ressenti amoindri!', ou bien est-ce que vous ne ressentez ce ressenti que par vous-même?

— “nāhaṃ, bho raṭṭhapāla, labhāmi te mittāmacce ñātisālohite: ‘āyantu me bhonto mittāmaccā ñātisālohitā, sabbeva santā imaṃ vedanaṃ saṃvibhajatha, yathāhaṃ lahukatarikaṃ vedanaṃ vediyeyyan’ti. atha kho ahameva taṃ vedanaṃ vediyāmī”ti.

Sieur Ratthapala, je ne peux pas dire à mes amis & compagnons, à mes proches et aux membres de ma famille: 'Approchez, chers amis & compagnons, chers proches et membres de ma famille, partageons ce ressenti tous ensemble, afin que je ressente un ressenti amoindri!' Je ne ressens ce ressenti que par moi-même.

— “idaṃ kho taṃ, mahārāja, tena bhagavatā jānatā passatā arahatā sammāsambuddhena sandhāya bhāsitaṃ: ‘atāṇo loko anabhissaro’ti, yamahaṃ ñatvā ca disvā sutvā ca agārasmā anagāriyaṃ pabbajito”ti.

— C'était par rapport à cela, Maharaja, que le Fortuné, celui qui connaît et qui voit, l'arahant véritablement éveillé a déclaré: '[La vie dans] le monde est sans protection ni protecteur', et c'est en ayant connu, vu et entendu cela que j'ai abandonné la vie de foyer pour le sans-foyer.

— “acchariyaṃ, bho raṭṭhapāla, abbhutaṃ, bho raṭṭhapāla! yāva subhāsitaṃ cidaṃ tena bhagavatā jānatā passatā arahatā sammāsambuddhena — ‘atāṇo loko anabhissaro’ti. atāṇo hi, bho raṭṭhapāla, loko anabhissaro.

— C'est extraordinaire, Sieur Ratthapala, inouï, la manière dont cela a été bien déclaré par le Fortuné, celui qui connaît et qui voit, l'arahant véritablement éveillé: '[La vie dans] le monde est sans protection ni protecteur'. En effet, [la vie dans] le monde est sans protection ni protecteur.

— “saṃvijjati kho, bho raṭṭhapāla, imasmiṃ rājakule pahūtaṃ hiraññasuvaṇṇaṃ bhūmigatañca vehāsagatañca. ‘assako loko, sabbaṃ pahāya gamanīyan’ti, bhavaṃ raṭṭhapālo āha. imassa pana, bho raṭṭhapāla, bhāsitassa kathaṃ attho daṭṭhabbo”ti?

Sieur Ratthapala, cette famille royale possède d'importantes quantités de pièces et de lingots d'or, en sous-sol comme en circulation. Le Sieur Ratthapala a dit: 'Il n'y a rien qui soit nôtre dans le monde, on doit s'en aller en abandonnant tout'. Comment devrait-on voir le sens de cette déclaration?

— “taṃ kiṃ maññasi, mahārāja, yathā tvaṃ etarahi pañcahi kāmaguṇehi samappito samaṅgībhūto paricāresi, lacchasi tvaṃ paratthāpi: ‘evamevāhaṃ imeheva pañcahi kāmaguṇehi samappito samaṅgībhūto paricāremī’ti, udāhu aññe imaṃ bhogaṃ paṭipajjissanti, tvaṃ pana yathākammaṃ gamissasī”ti?

— Qu'en pensez-vous, Maharaja: à présent vous vous divertissez avec les cinq agréments de la sensualité dont vous êtes pourvu et nanti, mais est-ce que vous pouvez obtenir dans l'au-delà: 'Puissé-je me divertir de la même manière avec ces cinq agréments de la sensualité dont je serais pourvu et nanti', ou bien est-ce que d'autres prendront possessions de ces richesses, pendant que vous cheminerez en fonction de vos actions?

— “yathāhaṃ, bho raṭṭhapāla, etarahi pañcahi kāmaguṇehi samappito samaṅgībhūto paricāremi, nāhaṃ lacchāmi paratthāpi: ‘evameva imeheva pañcahi kāmaguṇehi samappito samaṅgībhūto paricāremī’ti. atha kho aññe imaṃ bhogaṃ paṭipajjissanti; ahaṃ pana yathākammaṃ gamissāmī”ti.

Sieur Ratthapala, à présent je me divertis avec les cinq agréments de la sensualité dont je suis pourvu et nanti, mais je ne peux pas obtenir dans l'au-delà: 'Puissé-je me divertir de la même manière avec ces cinq agréments de la sensualité dont je serais pourvu et nanti'. D'autres prendront possessions de mes richesses, pendant que je cheminerai en fonction de mes actions.

— “idaṃ kho taṃ, mahārāja, tena bhagavatā jānatā passatā arahatā sammāsambuddhena sandhāya bhāsitaṃ: ‘assako loko, sabbaṃ pahāya gamanīyan’ti, yamahaṃ ñatvā ca disvā ca sutvā ca agārasmā anagāriyaṃ pabbajito”ti.

— C'était par rapport à cela, Maharaja, que le Fortuné, celui qui connaît et qui voit, l'arahant véritablement éveillé a déclaré: 'Il n'y a rien qui soit nôtre dans le monde, on doit s'en aller en abandonnant tout', et c'est en ayant connu, vu et entendu cela que j'ai abandonné la vie de foyer pour le sans-foyer.

— “acchariyaṃ, bho raṭṭhapāla, abbhutaṃ, bho raṭṭhapāla! yāva subhāsitaṃ cidaṃ tena bhagavatā jānatā passatā arahatā sammāsambuddhena: ‘assako loko, sabbaṃ pahāya gamanīyan’ti. assako hi, bho raṭṭhapāla, loko sabbaṃ pahāya gamanīyaṃ.

— C'est extraordinaire, Sieur Ratthapala, inouï, la manière dont cela a été bien déclaré par le Fortuné, celui qui connaît et qui voit, l'arahant véritablement éveillé: 'Il n'y a rien qui soit nôtre dans le monde, on doit s'en aller en abandonnant tout'. En effet, il n'y a rien qui soit nôtre dans le monde, et on doit s'en aller en abandonnant tout.

— “‘ūno loko atitto taṇhādāso’ti, bhavaṃ raṭṭhapālo āha. imassa, bho raṭṭhapāla, bhāsitassa kathaṃ attho daṭṭhabbo”ti?

— Le Sieur Ratthapala a dit: 'Le monde est insuffisant, insatisfaisant, on y est l'esclave du désir'. Comment devrait-on voir le sens de cette déclaration?

— “taṃ kiṃ maññasi, mahārāja, phītaṃ kuruṃ ajjhāvasasī”ti?

— Qu'en pensez-vous, Maharaja: est-ce que vous régnez sur le royaume prospère de Kourou?

— “evaṃ, bho raṭṭhapāla, phītaṃ kuruṃ ajjhāvasāmī”ti.

— En effet, Sieur Ratthapala, je règne sur le royaume prospère de Kourou.

— “taṃ kiṃ maññasi, mahārāja, idha puriso āgaccheyya puratthimāya disāya saddhāyiko paccayiko. so taṃ upasaṅkamitvā evaṃ vadeyya: ‘yagghe, mahārāja, jāneyyāsi, ahaṃ āgacchāmi puratthimāya disāya tatthaddasaṃ mahantaṃ janapadaṃ iddhañceva phītañca bahujanaṃ ākiṇṇamanussaṃ. bahū tattha hatthikāyā assakāyā rathakāyā pattikāyā; bahu tattha dantājinaṃ; bahu tattha hiraññasuvaṇṇaṃ akatañceva katañca; bahu tattha itthipariggaho. sakkā ca tāvatakeneva balamattena abhivijinituṃ. abhivijina, mahārājā’ti, kinti naṃ kareyyāsī”ti?

— Qu'en pensez-vous, Maharaja: maintenant, un homme viendrait de l'est, loyal et digne de confiance. Il viendrait vous voir et vous dirait: 'Sire, sachez que je viens de l'est et que j'y ai vu un grand pays, riche et prospère, peuplé et rempli de gens, où il y a beaucoup de troupes d'éléphants, de cavaleries, de troupes montées sur des chars et d'infanteries, beaucoup d'ivoire, beaucoup de pièces et de lingots d'or, travaillés et non-travaillés, beaucoup de femmes à marier. Il est possible de le conquérir avec les forces que nous avons. Conquérez-le, Maharaja!' Qu'est-ce que vous feriez?

— “tampi mayaṃ, bho raṭṭhapāla, abhivijiya ajjhāvaseyyāmā”ti.

— Je le conquérerais, Sieur Ratthapala, et je régnerais dessus.

— “taṃ kiṃ maññasi, mahārāja, idha puriso āgaccheyya pacchimāya disāya saddhāyiko paccayiko. so taṃ upasaṅkamitvā evaṃ vadeyya: ‘yagghe, mahārāja, jāneyyāsi, ahaṃ āgacchāmi pacchimāya disāya tatthaddasaṃ mahantaṃ janapadaṃ iddhañceva phītañca bahujanaṃ ākiṇṇamanussaṃ. bahū tattha hatthikāyā assakāyā rathakāyā pattikāyā; bahu tattha dantājinaṃ; bahu tattha hiraññasuvaṇṇaṃ akatañceva katañca; bahu tattha itthipariggaho. sakkā ca tāvatakeneva balamattena abhivijinituṃ. abhivijina, mahārājā’ti, kinti naṃ kareyyāsī”ti?

— Qu'en pensez-vous, Maharaja: maintenant, un homme viendrait de l'ouest, loyal et digne de confiance. Il viendrait vous voir et vous dirait: 'Sire, sachez que je viens de l'ouest et que j'y ai vu un grand pays, riche et prospère, peuplé et rempli de gens, où il y a beaucoup de troupes d'éléphants, de cavaleries, de troupes montées sur des chars et d'infanteries, beaucoup d'ivoire, beaucoup de pièces et de lingots d'or, travaillés et non-travaillés, beaucoup de femmes à marier. Il est possible de le conquérir avec les forces que nous avons. Conquérez-le, Maharaja!' Qu'est-ce que vous feriez?

— “tampi mayaṃ, bho raṭṭhapāla, abhivijiya ajjhāvaseyyāmā”ti.

— Je le conquérerais, Sieur Ratthapala, et je régnerais dessus.

— “taṃ kiṃ maññasi, mahārāja, idha puriso āgaccheyya uttarāya disāya saddhāyiko paccayiko. so taṃ upasaṅkamitvā evaṃ vadeyya: ‘yagghe, mahārāja, jāneyyāsi, ahaṃ āgacchāmi uttarāya disāya tatthaddasaṃ mahantaṃ janapadaṃ iddhañceva phītañca bahujanaṃ ākiṇṇamanussaṃ. bahū tattha hatthikāyā assakāyā rathakāyā pattikāyā; bahu tattha dantājinaṃ; bahu tattha hiraññasuvaṇṇaṃ akatañceva katañca; bahu tattha itthipariggaho. sakkā ca tāvatakeneva balamattena abhivijinituṃ. abhivijina, mahārājā’ti, kinti naṃ kareyyāsī”ti?

— Qu'en pensez-vous, Maharaja: maintenant, un homme viendrait du nord, loyal et digne de confiance. Il viendrait vous voir et vous dirait: 'Sire, sachez que je viens du nord et que j'y ai vu un grand pays, riche et prospère, peuplé et rempli de gens, où il y a beaucoup de troupes d'éléphants, de cavaleries, de troupes montées sur des chars et d'infanteries, beaucoup d'ivoire, beaucoup de pièces et de lingots d'or, travaillés et non-travaillés, beaucoup de femmes à marier. Il est possible de le conquérir avec les forces que nous avons. Conquérez-le, Maharaja!' Qu'est-ce que vous feriez?

— “tampi mayaṃ, bho raṭṭhapāla, abhivijiya ajjhāvaseyyāmā”ti.

— Je le conquérerais, Sieur Ratthapala, et je régnerais dessus.

— “taṃ kiṃ maññasi, mahārāja, idha puriso āgaccheyya dakkhiṇāya disāya saddhāyiko paccayiko. so taṃ upasaṅkamitvā evaṃ vadeyya: ‘yagghe, mahārāja, jāneyyāsi, ahaṃ āgacchāmi dakkhiṇāya disāya tatthaddasaṃ mahantaṃ janapadaṃ iddhañceva phītañca bahujanaṃ ākiṇṇamanussaṃ. bahū tattha hatthikāyā assakāyā rathakāyā pattikāyā; bahu tattha dantājinaṃ; bahu tattha hiraññasuvaṇṇaṃ akatañceva katañca; bahu tattha itthipariggaho. sakkā ca tāvatakeneva balamattena abhivijinituṃ. abhivijina, mahārājā’ti, kinti naṃ kareyyāsī”ti?

— Qu'en pensez-vous, Maharaja: maintenant, un homme viendrait du sud, loyal et digne de confiance. Il viendrait vous voir et vous dirait: 'Sire, sachez que je viens du sud et que j'y ai vu un grand pays, riche et prospère, peuplé et rempli de gens, où il y a beaucoup de troupes d'éléphants, de cavaleries, de troupes montées sur des chars et d'infanteries, beaucoup d'ivoire, beaucoup de pièces et de lingots d'or, travaillés et non-travaillés, beaucoup de femmes à marier. Il est possible de le conquérir avec les forces que nous avons. Conquérez-le, Maharaja!' Qu'est-ce que vous feriez?

— “tampi mayaṃ, bho raṭṭhapāla, abhivijiya ajjhāvaseyyāmā”ti.

— Je le conquérerais, Sieur Ratthapala, et je régnerais dessus.

— “idaṃ kho taṃ, mahārāja, tena bhagavatā jānatā passatā arahatā sammāsambuddhena sandhāya bhāsitaṃ — ‘ūno loko atitto taṇhādāso’ti, yamahaṃ ñatvā ca disvā sutvā ca agārasmā anagāriyaṃ pabbajito”ti.

— C'était par rapport à cela, Maharaja, que le Fortuné, celui qui connaît et qui voit, l'arahant véritablement éveillé a déclaré: 'Le monde est insuffisant, insatisfaisant, on y est l'esclave du désir', et c'est en ayant connu, vu et entendu cela que j'ai abandonné la vie de foyer pour le sans-foyer.

— “acchariyaṃ, bho raṭṭhapāla, abbhutaṃ, bho raṭṭhapāla! yāva subhāsitaṃ cidaṃ tena bhagavatā jānatā passatā arahatā sammāsambuddhena — ‘ūno loko atitto taṇhādāso’ti. ūno hi, bho raṭṭhapāla, loko atitto taṇhādāso”ti.

— C'est extraordinaire, Sieur Ratthapala, inouï, la manière dont cela a été bien déclaré par le Fortuné, celui qui connaît et qui voit, l'arahant véritablement éveillé: 'Le monde est insuffisant, insatisfaisant, on y est l'esclave du désir'. En effet, le monde est insuffisant, insatisfaisant, et on y est l'esclave du désir.



Voici ce que dit le vénérable Ratthapala. Lorsqu'il eut dit cela, il ajouta:


Je vois dans le monde des nantis qui, par ignorance,
Ne font pas don de la fortune qu'ils ont gagnée.
Cupidement, ils cachent leurs richesses,
Aspirant encore à plus de plaisirs sensuels.

Un roi qui, par la force, a conquéri le monde
Et règne sur la terre que l'océan limite,
N'est pas encore satisfait avec ce rivage-ci,
Il convoite également l'autre rivage de l'océan.

Les rois, mais aussi la plupart des autres gens,
Rencontrent la mort sans avoir affaibli leur Soif.
[Leurs plans] toujours incomplets, ils quittent le corps,
Sans (en) avoir eu assez de plaisirs sensuels.

Ses proches se lamentent et s'arrachent les cheveux,
En pleurant: 'Hélas! Notre bien-aimé est mort!'
Ils emportent le corps enveloppé dans du tissu,
Le placent sur un bûcher et l'y brûlent.

Ainsi brûle-t-il, éperonné par des bâtons,
Enveloppé d'un linceul, laissant toutes ses possessions derrière lui.
Lorsqu'il meurt, aucun proche ni aucun ami
Ne peut lui offrir d'abri ici.

Alors que ses héritiers s'approprient sa fortune, cet être
Doit transmigrer en fonction de ses actions.
Aucune richesse ne suit celui qui est mort,
Ni les enfants, ni les femmes, ni les possessions, ni les richesses.

La longévité ne peut être obtenue avec des richesses
Ni le vieillissement chassé par la prospérité.
Courte est cette vie, comme disent tous les sages,
Elle ne connaît pas l'éternité, seulement le changement.

Le riche comme le pauvre sentiront le toucher de la Mort.
Le sot comme le sage la sentiront aussi.
Mais alors que les sots s'allongent, frappé par leur follie,
Les sages ne tremblent pas au contact de la Mort.

La sagesse ici est meilleure que toute richesse,
Car c'est par la sagesse qu'on atteint le but final,
Car les ordinaires, par ignorance, réalisent des actes mauvais,
Et vie après vie ne parviennent pas à atteindre le but.

L'un va dans une matrice et dans le monde suivant,
Renouvelant le cycle des naissances successives,
Un autre de peu de sagesse, lui faisant confiance,
Va aussi dans une matrice et dans le monde suivant.

Tout comme un voleur arrêté au cours d'un cambriolage
Subit le mal-être pour ses actes mauvais,
De même les ordinaires, après la mort, dans le monde suivant,
Subissent le mal-être pour leurs actes mauvais.

Les plaisirs sensuels, variés, attrayants, suaves,
Perturbent l'esprit de nombreuses manières:
Voyant le danger dans ces attaches sensuelles,
C'est pour cela, grand roi, que j'ai pris le Départ.

Tout comme les fruits tombent de l'arbre, de même les gens
Qu'ils soient jeunes ou vieux, tombent lors de la brisure du corps.
Sachant cela, grand roi, j'ai pris le Départ.
La vie contemplative est meilleure, assurément.





Bodhi leaf



Notes


1. demeura sans manger... pendant sept jours: cette référence au nombre de jours que Ratthapala resta sans manger n'apparaît que dans l'édition Thailandaise.


2. elle reconnut... sa voix: ceci suggère que l'apparence physique de Ratthapala a considérablement changé. Soit qu'en dépit de la mention 'en peu de temps' donnée plus haut pour qualifier le temps qu'il a fallu à Ratthapala pour devenir un arahant, il aurait tout de même dû y passer plusieurs années (12 d'après le Commentaire), soit que la libération a profondément changé son apparence.


3. à cause desquelles j'ai abandonné la vie de foyer pour le sans-foyer: le Bouddha déclare que Ratthapala était le plus éminent de ses disciples en ce qui concerne l'abandon de la vie de foyer par conviction à AN 1.210.


4. maladie venteuse: en ayurveda (médecine traditionnelle indienne) diverses maladies sont considérées comme étant cuasées par un déséquilibre de la propriété vent (air) dans le corps.




Traduction proposée par Rémy,
sur la base du travail effectué par Thanissaro Bhikkhu
et Middle length discourses of the Buddha de Bhikkhu Ñāṇamoli et Bhikkhu Bodhi.

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