SN 12.22
Dasabala Sutta
— Les dix forces —
[ dasa: dix | bala: force ]

Ce soutta contient une exhortation remarquable à propos de l'activation de l'énergie: le suprême ne peut être atteint qu'au moyen de ce qui est suprême.




Pāḷi



sāvatthiyaṃ viharati...

Français



Près de Sāvatthi... Le Maître dit ceci :

“dasabalasamannāgato, bhikkhave, tathāgato catūhi ca vesārajjehi samannāgato āsabhaṃ ṭhānaṃ paṭijānāti, parisāsu sīhanādaṃ nadati, brahmacakkaṃ pavattetti: ‘iti rūpaṃ iti rūpassa samudayo iti rūpassa atthaṅgamo, iti vedanā iti vedanāya samudayo iti vedanāya atthaṅgamo, iti saññā iti saññāya samudayo iti saññāya atthaṅgamo, iti saṅkhārā iti saṅkhārānaṃ samudayo iti saṅkhārānaṃ atthaṅgamo, iti viññāṇaṃ iti viññāṇassa samudayo iti viññāṇassa atthaṅgamo.

– Le Tathagata possède les dix forces, moines, les quatre assurances,{1} il est conscient d'avoir la stabilité intrépide d'un grand taureau (lequel, campé sur ses quatre pattes ne craint aucun ennemi), il pousse le rugissement du lion au milieu des assemblées et fait tourner la roue suprême (brahmacakka) : «Ainsi est l’apparence physique (rūpaṃ), ainsi apparaît-elle, ainsi disparaît-elle. «Ainsi est le type de ressenti (vedanā), ainsi apparaît-il, ainsi disparaît-il. «Ainsi est la perception (saññā), ainsi apparaît-elle, ainsi disparaît-elle. «Ainsi sont les activités (saṅkhārā), ainsi apparaissent-elles, ainsi disparaissent-elles. «Ainsi est la conscience (viññāṇaṃ), ainsi apparaît-elle, ainsi disparaît-elle.

iti imasmiṃ sati idaṃ hoti, imassuppādā idaṃ uppajjati; imasmiṃ asati idaṃ na hoti imassa nirodhā idaṃ nirujjhati. yadidaṃ avijjāpaccayā saṅkhārā; saṅkhārapaccayā viññāṇaṃ; viññāṇapaccayā nāmarūpaṃ; nāmarūpapaccayā saḷāyatanaṃ; saḷāyatanapaccayā phasso; phassapaccayā vedanā; vedanāpaccayā taṇhā; taṇhāpaccayā upādānaṃ; upādānapaccayā bhavo; bhavapaccayā jāti; jātipaccayā jarāmaraṇaṃ soka-parideva-dukkha-domanass-upāyāsā sambhavanti. evametassa kevalassa dukkhakkhandhassa samudayo hoti.

«Ceci étant, cela existe. Ceci apparaissant, cela apparaît. Ceci s’arrêtant, cela s’arrête. À savoir : C’est dans le cadre de l’aveuglement (ou méconnaissance, ou ignorance, ou illusion, ou ne pas voir les choses telles qu’elles sont : avijjā) que se produisent les activités (ou activités intentionnelles, ou activités créatrices : saṅkhārā). «Conditionnée par ces activités, une conscience (ou nouvelle conscience, ou état de conscience : viññāṇaṁ). Avec cette conscience, un composé psycho-physique (nāmarūpaṁ). Avec ce composé psycho-physique, six facultés sensorielles (ou six domaines : saḷāyatanaṁ). En raison de ces facultés sensorielles, un contact (ou rencontre entre un sens, un objet et une conscience : phasso). Suite à ce contact, un ressenti (vedanā). Suite à ce ressenti, un désir (ou soif : taṇhā). Suite à ce désir, un attachement (upādānaṁ). Alimentée par cet attachement, une forme d’existence (ou existence, ou devenir : bhavo). «Conditionnée par cette forme d’existence, une (nouvelle) naissance (jāti). À cause de cette naissance se produisent vieillissement, mort, chagrin, lamentations, douleurs, insatisfaction et désespoir. Voilà quelle est l’origine de toute cette masse de malheurs (ou désagréments, ou inconvénients, ou souffrances, ou choses insatisfaisantes, imparfaites : dukkhaṁ).

avijjāya tveva asesavirāganirodhā saṅkhāranirodho; saṅkhāranirodhā viññāṇanirodho; viññāṇanirodhā nāmarūpanirodho; nāmarūpanirodhā saḷāyatananirodho; saḷāyatananirodhā phassanirodho; phassanirodhā vedanānirodho; vedanānirodhā taṇhānirodho; taṇhānirodhā upādānanirodho; upādānanirodhā bhavanirodho; bhavanirodhā jātinirodho; jātinirodhā jarāmaraṇaṃ sokaparidevadukkhadomanassupāyāsā nirujjhanti. evametassa kevalassa dukkhakkhandhassa nirodho hoti’”.

«Mais si l’aveuglement est stoppé sans aucun reste grâce au (chemin du) détachement (ou désintérêt, ou non-implication : virāga) les activités cessent. «Si les activités cessent, la conscience (résultant de ces activités) cesse elle aussi (il n’apparaît pas de nouvelle conscience). Si la conscience cesse, le composé psycho-physique (associé) cesse lui aussi. Si le composé psycho-physique cesse, les six facultés sensorielles cessent elles aussi. Si les six facultés sensorielles cessent, le contact cesse lui aussi. Si le contact cesse, le ressenti cesse lui aussi. Si le ressenti cesse, le désir cesse lui aussi. Si le désir cesse, l’attachement cesse lui aussi. Si l’attachement cesse, l’existence cesse elle aussi. Si l’existence cesse, la naissance cesse elle aussi. Si la naissance cesse, le vieillissement, la mort, le chagrin, les lamentations, les douleurs, l’insatisfaction et le désespoir cessent tous. Ainsi cesse toute cette masse de malheurs.»

“evaṃ svākkhāto, bhikkhave, mayā dhammo uttāno vivaṭo pakāsito chinnapilotiko. evaṃ svākkhāte kho, bhikkhave, mayā dhamme uttāne vivaṭe pakāsite chinnapilotike alameva saddhāpabbajitena kulaputtena vīriyaṃ ārabhituṃ: ‘kāmaṃ taco ca nhāru ca aṭṭhi ca avasissatu, sarīre upasussatu maṃsalohitaṃ. yaṃ taṃ purisathāmena purisavīriyena purisaparakkamena pattabbaṃ, na taṃ apāpuṇitvā vīriyassa saṇṭhānaṃ bhavissatī’”ti.

«Ainsi, moines, mon enseignement est bien énoncé, bien exposé, révélé, clair et sans défaut. Mon enseignement bien énoncé, bien exposé, révélé, clair et sans défaut peut faire qu’un fils de bonne famille qui a quitté son foyer par conviction s’exerce avec énergie en pensant : “Je maintiendrai cette vigueur tant que ne sera pas obtenu ce qui s’acquiert par la persévérance, la vigueur et les efforts dont sont capables les hommes, même s’il faut perdre la peau, les tendons, les os et laisser sécher la chair et le sang du corps”.

“dukkhaṃ, bhikkhave, kusīto viharati vokiṇṇo pāpakehi akusalehi dhammehi, mahantañca sadatthaṃ parihāpeti. āraddhavīriyo ca kho, bhikkhave, sukhaṃ viharati pavivitto pāpakehi akusalehi dhammehi, mahantañca sadatthaṃ paripūreti. na, bhikkhave, hīnena aggassa patti hoti; aggena ca kho, bhikkhave, aggassa patti hoti.

«L’indolent se conduit mal, moines, il est affecté par des défauts pernicieux et manque le grand but ultime. L’énergique, au contraire, se conduit bien, est dépourvu de défauts pernicieux et réalise le grand but ultime. Ce n’est pas par (un cheminement) inférieur, moines, qu’on peut atteindre le (but) supérieur. C’est par le supérieur qu’on atteint le supérieur.

maṇḍapeyyamidaṃ, bhikkhave, brahmacariyaṃ, satthā sammukhībhūto. tasmātiha, bhikkhave, vīriyaṃ ārabhatha appattassa pattiyā, anadhigatassa adhigamāya, asacchikatassa sacchikiriyāya. ‘evaṃ no ayaṃ amhākaṃ pabbajjā avañjhā bhavissati saphalā saudrayā; yesañca mayaṃ paribhuñjāma cīvara-piṇḍapāta-senāsana-gilāna-ppaccaya-bhesajja-parikkhāraṃ tesaṃ te kārā amhesu mahapphalā bhavissanti mahānisaṃsā’ti. evañhi vo, bhikkhave, sikkhitabbaṃ.

La vie sainte doit «être bue comme de la crème (appréciée, savourée)». Le guide est là devant vous. Par conséquent, moines, soyez énergiques pour atteindre ce qui n’a pas encore été atteint, pour réaliser ce qui n’a pas été réalisé, pour voir de vos propres yeux ce qui ne l’a pas encore été. Et vous devez vous exercer en pensant : “Ainsi, notre départ du foyer n’aura pas été vain, mais fructueux et profitable. Et ceux grâce auxquels nous bénéficions de vêtements, de nourriture, de logement et de soins médicaux recueilleront de grands bénéfices et de grands avantages de cet acte”.

attatthaṃ vā hi, bhikkhave, sampassamānena alameva appamādena sampādetuṃ; paratthaṃ vā hi, bhikkhave, sampassamānena alameva appamādena sampādetuṃ; ubhayatthaṃ vā hi, bhikkhave, sampassamānena alameva appamādena sampādetun”ti.

«Voir son propre intérêt, moines, permet de parfaire la diligence. Voir l’intérêt d’autrui permet de parfaire la diligence. Voir l’un et l’autre intérêts permet de parfaire la diligence.»





Bodhi leaf


Note


1. dix forces... quatre assurances: Les dix forces (bala) et les quatre assurances (vesārajja) sont développées dans le Mahāsīhanādasutta du Majjhima Nikāya, page 112 du recueil La vision juste.



Traduit du Pāḷi par Christian Maës. ©2015 Christian Maës.

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